retardataire n°2

Enaryon posa la main sur ses deux épées assez banalement de façon a ne pas attirer trop le regard du squeletes mais prêt à agir s'il le fallait, puis il dit : "Bonjour a vous."

Le squelette noir comme du charbon (et pour cause) qui leur faisait face s'arrêta, se retourna un instant pour faire signe que tout allait bien puis leur fit de nouveau face. Posant sa pelle sur le sol, il s'appuya dessus comme à un coin de taverne.

"''Bé les gars, z'êtes perdus ? L'coin steu dangereux, pour sûr. Pis interdit, accessair'ment."

"Ce serait très aimable en effet que vous nous montriez un chemin vers la sortie ou une ville quelconque s'il vous plaît." ajouta Enaryon.

Les yeux du squelette s'éteignirent un instant, durant lequel il resta d'une immobilité de marbre... sûrement l'expression mortelle de la surprise.

"Rôôô c'est-y vérité, vous avez pris le 'tit ch'min avec le 'tit tunnel et le conduit d'fonte ? Z'ètes des nouveaux ?"

Il posa sa pelle contre le mur et imita avec deux doigts quelqu'un qui marche.

"La Cité, z'y êtes pas acore rendu ?"

"une cité? où s'il vous plaît?" demanda Enaryon avec insistance.

Le squelette se frotta le front comme un homme qui sue, sans parvenir à enlever la couche de suie sûrement indélébile qui l'incrustait.

"On est po rendus... allez don' voir les forgerons, en prenant l'puit là-bas. Y sauront qu'à faire."

Il désigna, derrière lui, ses camarades et les galeries qu'ils minaient... ainsi qu'un puit muni d'un élévateur, sur lequel quelques caisses attendaient.

Enaryon et fearan se dirigèrent donc vers l'élevateur.

Après quelques pas le long de la coulée de métal en fusion, ils débouchèrent dans la salle elle-même, où le vacarme, la chaleur et l'agitation régnaient en égaux. Esquivant les caisses de minerai et les éclats de roches projetés par les pics, ils furent bientôt à l'élévateur, simple plaque de bois circulaire reliée par trois cordes au sol (par l'entremise d'une grue qui s'inclinait d'un côté sur l'autre d'un air inquiétant). Le squelette qu'ils avait rencontré et quelques-uns de ses collègues, tous aussi noircis par l'atmosphère cendrée que lui-même, se hâtèrent de déplacer les quelques caisses qui restaient dessus, puis se préparèrent à actionner le treuil de la grue. Le premier d'entre eux revint vers eux et tendit la main :

"Quand vous serez à bas, allez-y voir Barrel, et expliquez-lui. Bonjour, en tout cas !"

"Bonjour" répondit Enaryon.

Enaryon suivit fearan sur l'élevateur.

Après un signe de l'ouvrier, ses collègues actionnèrent quelques leviers frustres, et lélevateur commença à descendre en cahotant... après une longue minute d'une descente agitée de soubresauts, le long d'un tunnel aux murs noircis de suie, la plate-forme de l'élevateur se posa sur un sol concret.

C'était une salle carrée d'à peine deux mètres de plafond, d'où partaient deux tunnels opposés et qu'on avait bourrée de caisses contenant divers matériaux. L'un des tunnels, descendant douchement, était chaudement éclairé par des torches et émanait un souffle tiède à l'odeur ferreuse... l'autre, qui remontait, était obscur et aspirait ce souffle vers quelque salle moins chaude. A peine furent-ils arrivés qu'un spectre s'approcha, silhouette violette à demi-transparente et dont les contours se dissipaient dans l'air comme de fins filaments :

"Qui êtes-vous, messieurs ? Que faisiez-vous dans la Fondrière, et avec quelle autorisation ?"

Le spectre réfléchit un instant.

"J'avoue ne vous avoir jamais vu... mais l'excuse est un peu facile, non ? Ceci dit, il me semble qu'il y a bien un petit passage depuis le Charnier alors... expliquez-moi exactement quel chemin vous avez suivis, hein ? Ca serait déjà plus convaincant."

Il posa sur une caisse, juste à portée de la main, la petite cloche noire gravée de runes blanches qu'il cachait jusqu'ici dans son dos.

Le spectre sembla peser le pour et le contre un instant, puis saisit promptement sa cloche... et la reposa plus loin, dans un coffret de fer sans serrure que sa main traversa comme de l'argile. Il se retourna vers eux.

"Votre histoire est valable, et après tout vous ne portez rien que vous ayez pu voler là-haut. Suivez le couloir qui descend, par ici, et vous arriverez aux forges. Je pense que le mieux est que vous trouviez Barrel, il vous conseillera."

Il leur fit un petit salut.

"C'est très compliqué pour moi de serrer une main, mais l'intention y est."

Enaryon suivit fearan.

Enaryon essaya d'attraper un des morts au passage et lui dit :"excusez moi mais où pourrions-nous trouver un dénommer Barel s'il vous plait?"